Dénomination de l’édifice : Le Moleton Titre courant : Le Moleton ou Morton
L’enclos du Moleton, ceint de murs de schiste et borné au nord par deux tourelles qui paraissent constituer un ensemble avec celles de la Borde et de la Gâchetière, renferme, outre un terrain historiquement à vocation viticole, une demeure édifiée sur des bases médiévales dont la tour d’escalier du XVe siècle subsiste, et qui a fait l’objet d’une vaste campagne de reconstruction à la fin du XVIIe siècle.
Le logis du XVe siècle devait se présenter sous la forme d’un long corps rectangulaire, organisé autour de la tour d’escalier. Il orientait sa façade principale sur une petite cour à l’ouest, donnant sur la rue par un portail qui subsiste avec son couvrement en arc en anse de panier surmonté d’un fronton cintré.
Lors de la réorganisation du XVIIe siècle, cet accès fut délaissé au profit d’un portail à l’extrémité sud-ouest du clos, comportant une porte piétonne et une porte cochère qui a malheureusement perdu son le couvrement en anse de panier. Le portail s’ouvre sur la cour des communs, qui donne accès au logis par un escalier à double volée droite originellement couverte par un auvent doté d’une élégante toiture en dôme, qui a disparu, comparable au logis de la Groye à Saint-Saturnin.
Surplombant un niveau de caves à peine enterrées, l’étage habitable ne comportait que trois grandes pièces, essentiellement des chambres, tandis que la cuisine se trouvait dans un bâtiment annexe.
Un pavillon fut adjoint au corps principal à l’est, et un autre devait être prévu en symétrie à l’ouest, mais n’a jamais vu le jour, le projet n’ayant pu être mené à terme. Les combles surélevés, dotés de belles lucarnes en pierre, ne furent jamais aménagés.
Les lieux, offrant peu de confort, passent de main en main sans prospérer ni connaître d’investissement majeurs au cours des deux siècles suivants. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que des travaux importants furent entrepris, incluant l’ouverture de deux nouvelles baies sur la façade sud du corps principal, la suppression du toit en dôme couvrant l’escalier sud et la suppression de la grande cheminée du pavillon.
Ce logis est connu dès le XVe siècle sous le nom de Morton, il semble prendre celui de Molton, par erreur, au moment de la Révolution dans le dossier des biens nationaux(1). Nous le retrouvons sous celui de Moleton sur le plan cadastral de 1808 (ci-dessus) mais le rencontrons encore comme Morton sur les matrices cadastrales de 1855. Il faudra attendre les années 1880 pour que le Moleton soit définitivement accepté.
La première mention du domaine date de 1453 où il appartient à Jean Poisson. A la fin du siècle le propriétaire en est Etienne Conin.
Jehan de Chateaubriand, seigneur de Saint Jean le cède en 1607 à son serviteur Antoine Lebrère dit La Borde(2). Sans enfant, le logis passe à René Lasnier, Jacques Gaultier et Pierre Robineau.
Ce dernier vend, en 1650 à Noël Herbreteau qui, pour agrandir son domaine, achète en 1654 à Louise de Chateaubriand une pièce de terre qu’il doit enclore. Le fils du Seigneur des Chemineaux, Mathieu Herbreteau de la Chèze vend le Morton en 1687 à Mathurin Boret(3).
Ce riche marchand décide de faire exécuter de nombreux travaux, documentés par de multiples marchés passés avec des artisans, qui chacun nous éclaire sur le vaste projet initial, ses modifications et ses limitations successives(4) (5).
Il fait réaliser, entre autres le porche d’entrée dont une grande partie existe encore aujourd’hui ainsi qu’une porte piétonne (1688).
Porte cochère en porte piétonne en 1960 Collection Privée
Sans achever les travaux Mathurin Boret, sieur des Plantes, décide de vendre le domaine à son beau-frère, Jean Fouquet, sieur du Pin (Famille de Nicolas Fouquet) ; Celui-ci s’est marié avec Perrine Boret dans la chapelle du Plessis.
A la mort de Perrine en 1728, leur fille Françoise épouse de Louis Melchior Rossignol hérite du Morton qui, en 1733 est acheté par Marguerite Guérin.
En 1769, François-Esprit du Berry, également propriétaire du fort de Mécrin devient le maître des lieux avant de le céder à son héritier Hyacinthe Louis Hingand, seigneur de Juigné .
Ce dernier en sera dépossédé pendant la Révolution et le domaine sera racheté pour 9850 livres par Julien-Pierre Desnoyers cultivateur à la Daguenière.
Au XIXe siècle, le Moleton sera habité par la Veuve Garreau, Alexis Courant y décède en 1855 (7). Sa veuve Sainte Marie Mabille le possèdera jusqu’à sa mort en 1864. Le Morton revient alors à Appoline Courant puis par héritage à sa sœur Marie Célestine qui le vendra à Clovis Léger en 1896(8).
Sa fille le vendra en 1952 à Aimé Simon qui le cède en 1972 à Jean Ducros avant que la famille Ybarlucea ne l’occupe à partir de 1978.
Il est aujourd’hui la propriété de M. et Mme Broydé.
Le corps de cuisine vu de la cour
Archives Départementales 49 E 1235
(4) généalogie herbrereau
(8) Généalogie Jean Fouquet
Photo M. Gravot. Manoirs et Gentilhommières du pays de France. 1928