Dénomination de l’édifice : Maison Titre courant : Maison naissance J. Genest
Archives Départementales 49 -Juigné-sur-Loire – B8
Vous vous trouvez ici devant la maison de naissance de Jacques Genest.
Jacques Genest dit Labarre est né le 17 avril 1640 à Juigné-sur-Loire (1). Il a trois frères (dont René, l’aîné décédé à un an) : René, son frère jumeau, Jean et deux sœurs, Mathurine et Michelle.
Son père, René, travaille comme domestique et vigneron au service du seigneur Grugelin, maître de la Maison forte du Plessis, à quelques mètres d’ici. Les ancêtres Genêt sont eux issus d’une vieille famille de Vauchrétien (sept kilomètres) établie à Juigné-sur-Loire en 1539, en suivant leur seigneur du temps René de Conquessac. Jacques très tôt accompagne son père au château.
A l’adolescence, il suit un cours de taillandier pendant deux ans (métier de l’armée) pour ensuite rentrer au service du seigneur de Grugelin.
En 1660, après le décès de son père, il suit son seigneur, officier du Roi, à la citadelle d’Oléron. Puis, en 1665, il embarque sur l’Aigle d’Or (2), comme taillandier-soldat du régiment de Carignan-Salières en route vers la Nouvelle-France.
Il délaisse l’armée rapidement et s’établit à Sainte-Famille, dans l’île d’Orléans en 1666 comme maître taillandier. Il aura un fils, hors mariage et une belle progéniture de neuf enfants avec sa femme, Catherine Doribeau, une fille du Roi. (3)
Ses enfants lui donneront quarante-six petits-enfants.
(extrait du livre de René Labarre : La vie de Jacques Genest en France et en Nouvelle-France)
René LaBarre (à g) en 2015 devant la Maison Forte du Plessis – Photo CEPAJE
Jerry LaBarre et son épouse en 2022 venus de l’Orégon. – Photo CEPAJE
La descendance de Jacques Genest sera nombreuse puisque, au Canada comme aux États-Unis, on relève en 2024 au moins sept mille personnes… dont certaines, tous les ans, viennent à Juigné-sur-Loire découvrir la maison de leur ancêtre !!!
Au moment de son embarquement pour la Nouvelle-France, Jacques Genest dû choisir un surnom comme tous les marins de l’époque. Son choix se porta sur Labarre, nom du petit chemin qui passait devant chez ses parents.
Dans ses descendants, on retrouve aussi bien des Genest, des Genest dit LaBarre ou des LaBarre.
Maison Genest, côté jardin – Photo CEPAJE
Archives Départementales 49 – Juigné-sur-Loire
L’Aigle d’Or de Brouage en route pour Québec
L’année 1663 marque un changement majeur dans l’histoire de la Nouvelle-France. Devant les difficultés vécues par la colonie depuis sa fondation, le roi Louis XIV décide de reprendre en main l’administration et le développement de ses territoires en Amérique du Nord. Parmi les nombreux problèmes qui attirent l’attention du souverain, la question du peuplement et celle de la disproportion entre les sexes dans la colonie sont particulièrement importantes. Le déséquilibre démographique causé par l’absence de politique migratoire des anciens administrateurs voués à l’exploitation des ressources naturelles se résume assez simplement : il n’y a pas assez de femmes en Nouvelle-France pour assurer son peuplement.
Pour répondre à cette impasse démographique, Louis XIV décide de favoriser le passage de jeunes femmes célibataires, appelées les Filles du roi, depuis la France jusqu’à la colonie, en vue de les marier aux colons et d’encourager la formation de familles. Cette immigration féminine, amorcée en 1663, est dirigée par l’intendant des finances du royaume, Jean-Baptiste Colbert, appuyé à partir de 1665 par le premier intendant de la Nouvelle-France, Jean Talon. Entre 1663 et 1673, des centaines de jeunes femmes acceptent ainsi de migrer vers la colonie en échange d’avantages consentis par le roi. Ce dernier assure non seulement leur traversée à ses frais, mais s’engage de plus à les vêtir et, pour certaines, les munir d’une dot d’au moins 50 livres afin de faciliter leur union. Il s’agit pour la plupart d’entre elles d’une occasion de s’extirper de leur condition et de commencer une nouvelle existence. Si quelques jeunes femmes issues de la bourgeoisie et de la petite noblesse comptent parmi les Filles du roi, la grande majorité de celles-ci sont tirées de milieux défavorisés ; environ le tiers sont choisies parmi les orphelines de la Salpêtrière, à Paris. D’autres proviennent des orphelinats, couvents et institutions de charité du nord-ouest de la France.
En 1663, 38 Filles du roi viennent s’établir en Nouvelle-France ; 36 d’entre elles font partie du premier contingent arrivé le 22 septembre 1663. Des femmes assurent la direction des cohortes qui suivent, dont Anne Gasnier, épouse de Jean Bourdon, procureur général au Conseil souverain, qui traverse l’Atlantique à plusieurs reprises pour recruter des immigrantes auxquelles elle offre l’hébergement dans sa maison de Québec. La capitale de la colonie dispose d’ailleurs d’un bâtiment érigé par Talon où logent temporairement les Filles du roi avant qu’elles ne se dispersent majoritairement dans le gouvernement de Québec, mais aussi dans ceux de Montréal et de Trois-Rivières. À Montréal, les Filles du roi sont notamment accueillies par Marguerite Bourgeoys. Supervisées, elles choisissent elles-mêmes leur mari. Dans un milieu où les hommes prêts au mariage sont au moins six fois plus nombreux que les femmes dans la même situation, les Filles du roi n’ont généralement pas tardé à trouver un époux. Elles prennent parti généralement dans les semaines qui suivent leur arrivée. Pendant dix ans, elles sont entre 764 et 1 000 à profiter de cette initiative royale et à s’installer dans la colonie. Le taux de natalité en Nouvelle-France atteint alors les 63 naissances par 1 000 habitants. Conséquemment, les Filles du roi ont largement contribué à faire doubler la population coloniale de 1666 à 1672.
Extrait du Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Article de presse